SM WORLD SYLVIA & JERRY HATHAWAY

TEXTE REDIGE LORS DE LA MISE EN VENTE DE LA « RACE SM » « NEW ANCIENNES »

PHOTOS : PHILIPPS, EURO SM CLUB, GOODING and Co, Dominique Fallot, José Piedras et Didier Esposito.

Qui sont Jerry et Sylvia Hathaway ?

Tout commence quand Citroën lance son offensive américaine pour la SM. La GT va s’y vendre, avec ses feux si reconnaissables. Le garage Irv White Buick situé à Los Angeles les commercialise.

Jerry Hathaway est technicien dans ce garage et il tombe fou amoureux de la voiture. Il commence à en acheter des pièces quand son employeur se détourne des Citroën. Finalement il ouvre son officine spécialisée, SM World Ltd. en 1976. Il a alors le soutien de la marque aux chevrons et il va devenir peu à peu une référence pour l’entretien et la restauration des SM aux USA.

Les Citroën SM Hathaway : des records en vue

Le racer

La plus ancienne des deux autos qui nous intéresse est celle qui fut construite pour… des records de vitesse ! Un des clients de SM World a fait remarquer à Hathaway que l’auto ferait une bonne auto de record de vitesse. Elle est, de base, relativement puissante et surtout elle est particulièrement aérodynamique… quand on lui remet les glaces devant les feux.

C’est ainsi que naît la première des Citroën SM Hathaway. Il utilise une auto qu’il restaure de fond en comble. La préparation est soignée mais encore limitée, avec « simplement » des carbus Weber de 48. Sur le 3 litres (toutes les SM US en sont équipées) cela permet de sortir 250 ch. Par contre on a fait la chasse aux kilos et l’habitacle est vidé. On note aussi une adaptation sur le système hydraulique, désormais entraîné par un moteur électrique situé dans le coffre ce qui permet de s’affranchir du démarrage du moteur. La direction en est par contre exemptée, on se doute qu’à très haute vitesse la Diravi n’aurait pas forcément été une alliée. On note enfin des roues carénées, parfaites pour la vitesse.

Cette première Citroën SM Hathaway est prête en 1979 et à son volant Jerry atteint d’abord 139.7 Mph (224 km/h) à El Mirage. Oui c’est à peine plus que la SM « de base », du moins ce qu’elle revendiquait, preuve de l’optimisme annoncé au niveau de ses performances.
Quelques semaines plus tard l’auto est envoyée dans le temple de la vitesse : le lac de Bonneville. Lors de la Speeweek la franco-italienne accroche les 151.2 Mph (243.33 km/h).

L’année suivante, après une autre phase de préparation, la voiture revient à Bonneville mais se contente de 148,6 Mph (239,2 km/h).
Pour autant Jerry est lancé et ne s’arrête pas là. Il veut « taper » les 200 Mph et pour cela il va voir les choses en grand. Il dote le V6 Maserati de deux turbos AiResearch qui souffle à travers un unique carbu Holley.

En 1981 le moteur est prêt mais il va rendre l’âme à Bonneville non sans avoir fait grimper la SM à 150,4 (242.1 km/h) et 171.37 Mph (275.8 km/h) à El Mirage.
Ensuite la Citroën SM Hathaway va attendre jusqu’en 1985 de pouvoir s’y frotter. Les conditions climatiques remplissent le lac salé et la Speed Week est annulée plusieurs années de suite. Finalement la voiture, qui développe alors 530ch (!) accroche presque l’objectif avec 199,95 Mph (321,8 km/h). Mais la marque est arrondie, ça y est les 200 km/h sont atteints !

Le pick-up

Cette année-là, le camion qui servait à transporter l’auto est volé ! Plutôt que de le remplacer, Jerry va créer ce qui va devenir la deuxième Citroën SM Hathaway : le pick-up.

La modification esthétique est profonde. L’arrière est découpé et creusé. Il reçoit l’articulation qui le relie à la remorque. D’ailleurs cette remorque est elle-même particulière. Elle dispose de son propre système hydraulique à sphères, contrôlé depuis la voiture et fonctionnant sur batteries. L’atout est énorme pour décharger l’auto en abaissant la remorque au maximum.

Dès lors les Citroën SM Hathaway vont marquer les esprits à deux. Et au final le pick-up va jouer un très grand rôle là-dedans, attirant encore plus les regards que l’auto des records qui est derrière. On les connaîtra sous le surnom de « The Rig ».

Dernière marque

En 1987 c’est donc cet attelage si marquant qui se présente à Bonneville.

La Citroën SM Hathaway des records sera pilotée par Sylvia Hathaway, la femme de Jerry, dans le but d’économiser quelques kilos !
L’auto va ainsi battre son propre record : 202 Mph soit 325,1 km/h. La Citroën SM Hathaway ne sera plus engagée et restera sur cette marque. Elle sera cependant suffisante pour garder le record pendant 23 ans dans sa catégorie. Sans qu’on ait pu en chronométrer beaucoup d’autres, c’est vraisemblablement… la Citroën la plus rapide de l’histoire !

Les Citroën SM Hathaway en vente

C’est dans la vente (en ligne uniquement) Scottsdale Edition organisée par Gooding & Co que l’attelage sera proposé aux enchères. Il a servi pendant des années à faire connaître SM World Ltd. qui entretient toujours près de 400 SM américaines !

L’auto n’est pas inconnue en France, elle a notamment été exposée à Rétromobile en 2003. Elles n’ont cependant pas été utilisées régulièrement depuis longtemps. Et si vous souhaitez rouler avec, il faudra en passer par une grosse révision.

Pour le coup, si vous trouvez que SM2 manque de coffre et que vous voulez vous offrir ces autos, elles sont estimées entre 100 et 200.000 $ sans prix de réserve. On note d’ailleurs que le lot comprend aussi une table basse construite avec les restes du premier moteur et la combinaison de Sylvia Hathaway. Les enchères ouvrent le 18 Janvier. Plus d’infos par ici.

 

Photos : Gooding & Co

MARILUZ & JOSE PIEDRAS EN VISITE CHEZ SYLVIA & JERRY HATHAWAY

J’ai retrouvé dans mes archives quelques photos que j’avais prises lors de mon expatriation aux USA en 2015. Nous étions basés à Houston et nous avons décidé de rendre visite à Jerry Hathaway (je suppose qu’il doit régler quelques jolis moteurs tout là-haut…).
Nous nous sommes rendus à Santa Clarita et rencontré ce couple d’une extrême gentillesse !
Un vrai moment de bonheur.

Quelques anecdotes lors de notre visite de fin Mai 2015 qui pourraient t’intéresser, et qui me rappellent de bons souvenirs…
Nous réalisions, à cette époque-là, un rêve qui était de descendre sur la « California State Route 1 », depuis San Francisco à Los Angeles. Avant d’embarquer à Houston, j’avais envoyé un e-mail à Sylvia et Jerry Hathaway pour leur demander si nous pouvions leur rendre visite lors de notre périple. Je n’en avais pas parlé à mon épouse car on avait déjà programmé plusieurs visites lors de ce voyage et je m’attendais à ce qu’elle rechigne à rendre visite à un spécialiste de voitures françaises en Californie (toute SM fut elle… !), (je parle de la voiture n’est-ce pas ?).
Pour info, ma SM était (en 2015) depuis 15 ans dans un box à Pau (dans le Sud-Ouest) et n’avait pas bougé depuis…Elle est ressortie il y a 2 mois et se trouve chez Olivier…

Comme Jerry m’a très gentiment répondu en me proposant d’arriver tôt le matin pour ainsi manger ensemble au restaurant le midi, et avoir consolidé avec Sylvia quelle était enchanté de voir mon épouse… j’avais une Highway devant moi pour amadouer mon épouse et cimenter cette visite. Surtout que je savais que Sylvia utilisait sa SM pour tout et même pour acheter son white bread (nous on dit la baguette) et ainsi démontrer à Mariluz (mon épouse) que la SM n’était pas qu’une voiture de week-end…

Je te fais l’économie de notre descente depuis San Francisco, sur l’Highway 1 qui suit la côte Pacifique J’avais réservé une Mustang cabriolet, mais la rupture de stock dans la société de location nous imposa une Dodge Challenger cabriolet. Presque …pareil !

Nous sommes arrivés au SM World après le petit déjeuner. Cela nous laisserait ainsi le temps, pensais-je, de bien faire le tour de cet endroit si remarquable. L’atelier était à l’adresse 20732 Soledad St. Unit j – Canyon Country Ca. 91351.

Une SM garée indiquait l’endroit, un bâtiment dans lequel le regard d’une vitrine bien connue et ses six phares était entourée par deux hommes.
J’ai garé la Challenger à côté d’un pick-up Ford Ranchero rouge, Jerry m’apprit plus tard que c’était son « scooter », et nous avons rencontré Sylvia qui nous reçut dans son bureau. Elle nous accueillit très chaudement, contente de voir des frenchies leur rendre visite.

Puis elle nous emmena dans l’atelier. Jerry inspectait un moteur avec l’aide de son employé. Sylvia nous présenta, Jerry nous salua très chaleureusement avec un large sourire et avec son inimitable accent. Vaccinés que nous étions aux Texans, cela ne nous posa aucun souci !

Après nous avoir présenté son employé il nous indiqua un endroit de l’atelier où officiait une autre personne. Il s’agissait d’un Australien qui venait en vacances à L.A. spécialement passer toutes les journées de la semaine dans cet atelier et « apprendre la SM ». Il possédait une SM dans son pays et donc il venait chez le pape (ses propres mots) pour tout apprendre et pouvoir entretenir de façon idoine sa voiture, au pays. Jerry était comblé, cela lui faisait de la compagnie, de l’aide, et c’était devenu un ami. Et ce n’était pas le seul car un anglais avait aussi son mois réservé pour le même arrangement. Dans les discussions que nous avons eu j’ai senti que Jerry regrettait de ne pas avoir d’héritier qu’il aurait pu former pour reprendre son affaire. Ses filles n’étant, apparemment pas intéressées par l’affaire.

Jerry était tout excité d’avoir des frenchies à bord, je sentais bien qu’il y avait une relation spéciale entre cet homme et Citroën patrie de cette voiture. Il nous détailla son atelier, me montrant les outils spécifiques, les pièces détachées, les culasses surfacées, les collections de soupapes, les tendeurs de chaine primaire…

Pendant que Sylvia devait rendre visite à un client, il nous proposa d’aller chez lui, deux blocs plus loin, pour nous montrer la bête des records « and some more stuff… ». Sylvia prit sa SM comme si c’était une vulgaire Clio (j’exagère, mais à peine), ce qui me laissa sans voix. Mariluz qui n’avait plus vu de SM depuis longtemps et qui se souvenait de certaines séquences de démarrage mémorables était médusée… Sa première réaction fut de me dire que cette voiture démarrait mieux avec une femme au volant… ! Ce à quoi Jerry rajouta que c’était pour cela que lui roulait en Ranchero ! Il nous emmena dans sa Ford pour le grand garage mitoyen à sa maison.

Mariluz comprit pourquoi Sylvia connaissait si bien cette voiture quand Jerry déconnecta les alarmes et ouvrit la porte de cet immense coffre-fort… Les photos parlent d’elles-mêmes… Jerry me proposa la vente de la grise, celle de la photo du moteur, restauration « nuts and bolts » … Même l’odeur de l’intérieur était là…Si je me souviens bien la mise à prix était de 70,000 usd. L’étincelle que je détectais dans le regard de Mariluz me persuada que ce n’était pas une bonne idée… Je suis mauvais joueur, c’est elle qui m’avait offert ma SM (qui était en hibernation dans le box à Pau…).

Je ne saurai vous dire combien dura ce passage au paradis, pas assez longtemps de toutes façons ! Retourner au purgatoire fut difficile, mais Jerry très bon vivant, nous invita au restaurant Mexicain voisin pour nous ramener sur terre délicatement !

Le repas fut un moment extraordinaire. Entre tacos, burritos, enchiladas, cigarettes et autres Margaritas (!) nous échangeâmes quelques histoires personnelles.
Puis arriva le moment du départ et de bénir cette journée qu’il nous avait été donné de vivre avec ces personnes si exceptionnelles.

La suite est une autre histoire !

Amicalement

José PIEDRAS

MULLIN MUSEUM AUTOMOTIVE

A Citroën SM pickup, towing a Citroën SM-suspension trailer, holding a Citroën SM Bonneville record holder. Photos courtesy Mullin Museum.

The path to Bonneville’s 200 MPH Club typically doesn’t involve a front-drive French coupe powered by a Maserati-built V-6. Citroën SM enthusiast and expert Jerry Hathaway thinks differently than most, however, and for a limited time his weird and wonderful Citroën SM Bonneville record-holder, along with its one-of-a-kind tow rig, will be on display as part of the Citroen: The Man, The Marque, The Mystique exhibit at the Mullin Automotive Museum in Oxnard, California.

Hathaway’s love for Citroën–and specifically Citroën SMs–evolved out of boredom and routine. Tired of doing alignments and routine suspension work on Buicks, Hathaway took to the intricacies and eccentricities of the French brand when his employer, a Los Angeles Buick dealer, added Citroën as a second line. He soon became the go-to mechanic for Citroën SMs, which would later put him in the right place, at the right time, to acquire his own Citroën franchise. This would evolve into Citroën SM World, a shop that’s long been regarded as the premier service and restoration facility for Citroën SMs in North America.

The Hathaway’s Bonneville SM at the 12th International Citroën Car Club Rally in August 2002. Photos by Gene Herman, used with permission. A customer–and former Bonneville racer–convinced Hathaway that the SM might just be slippery enough to do well on the salt, and a dream was born. Starting with an accident-damaged SM that was originally earmarked as a parts car, Hathaway built what may be the first Citroën SM Bonneville racer. The car’s hydropneumatic (technically, oleopneumatic) suspension was left alone, as was the stock five-speed manual transmission. While the Maserati V-6 was left at its stock displacement of 2,965 cc, a trio of Weber carburetors, hotter cams, different pistons, and a few other tweaks raised output from the stock 178 horsepower to roughly 250 horsepower. In this configuration, the Bonneville SM claimed its first record of 151.2 mph in 1979, running in the F/ALT class. Hathaway returned with the Citroën in 1980, setting an F/GC record of 148.7 mph, but he wanted more. The addition of an AiResearch turbocharger boosted (pun intended) output considerably, and in 1985, Hathaway drove the SM to a D/GC record of 200.002 mph. It was short-lived, however, as in 1987 his wife, Sylvia, bested his run with a two-way average of 202.301 mph, making the Hathaways the third married couple to make the 200 MPH Club. The rig used to haul the land-speed Citroën is as unique as the car itself. The tow vehicle may be the world’s only Citroën SM pickup, and the gooseneck trailer is quite likely the only one in the world equipped with a pair of hydropneumatic suspensions, built by Hathaway from spare parts. 

Joining the record-setting SM at the Mullin will be a 1931 C4G, which boasted a top speed of 56 mph and used “floating power engine technology” to reduce vibration, and a 1975 CX2200 Berline, the model that replaced the beloved DS in the automaker’s lineup.