Y’a vass obnimayu.. !!
C’est pratiquement tous les deux ans, depuis la création de l’alliance Franco-Russe (27 août 1891) que les relations avec la Russie s’ingénient à provoquer une réunion au sommet, particulièrement dès la proclamation en 1924 de la « Reconnaissance » de l’URSS par la France. Cette Reconnaissance a été « officialisée » par un simple télégramme adressé par le chef du gouvernement E. Herriot à Alexis Rykov, président du conseil des commissaires du peuple (26 octobre). L’URSS, en échange de bons sentiments, a reconnu officiellement le « Comité national de la France combattante » (1943). Des déclarations d’amitiés et invitations régulières s’en suivirent et c’est au sommet Franco-Soviétique entre Pompidou et Brejnev à Paris (26-30 octobre 1971), que le président français recevant Léonid Ilitch Brejnev fut étonné de recevoir un nombre important de divers cadeaux du dignitaire russe ! En effet, « Y’a vass obnimayu » (je vous embrasse !) Avait lancé à la cantonade le camarade Léonid à Georges Pompidou ! Ce soir là dans les fastes du dîner officiel au quai d’Orsay ; Il remit au Président français : un service complet en vermeil incrusté d’émail, une peau d’ours, un fusil de chasse de Toula (admirablement travaillé), deux barils de caviar (à peu prés 25 kilos), un « bar » (c’est comme cela qu’il présenta un coffret à liqueur avec verres, carafes en cristal), et pour Madame Claude Pompidou une quinzaine de peaux de vison (Extrait du livre « L’OREILLE DU LOGOS » de Marc Andronikof – Editions L’AGE D’HOMME). La tâche était ardue ; En effet le Président de la République française ne voulait pas « être de reste » et il serait souhaitable d’être à la hauteur de ces « envahissants » cadeaux ! Il chargea ses « services d’information » de trouver quelques présents si ce n’est à la hauteur de l’événement, au moins que ceux-ci soient d’avantage « personnels ». Force était donc de mener une enquête rapide, car les « cadeaux » de départ devaient être remis 4 jours plus tard.. ! Lors d’une conversation « orientée », on « laissa entendre » dans l’entourage proche de Léonid ; Qu’il avait un point commun caché et inavouable avec le Président français ? La passion des voitures de luxe, et si possible à «caractère sportif.. ! » Il est vrai que Georges Pompidou, régulièrement, sortait de nuit dans Paris au volant de sa propre Porsche ; Qu’il demandait parfois aux constructeurs de lui prêter les nouveaux modèles pour se satisfaire de virées sportives nocturnes ou se servait de prétexte à diverses organisations aux inaugurations officielles ! Monsieur Morizot, alors responsable des relations entre le constructeur Citroën et les services des convois officiels, s’était d’ailleurs offusqué de la prise en main (légèrement forcée par le PDG de la Régie Renault) de faire l’inauguration de la liaison « Lille-Paris-Lyon-Marseille » (Autoroute A6) par le Président au volant de la nouvelle Renault 16. Alors que ce jour là, Citroën avait fourni une vingtaine de « DS » avec chauffeurs pour le convoi officiel. !! Mr. Morisot se voyait souffler la « vedette » par cette R16 fraîchement débarquée ! Mais il fut sauvé par une « mortelle » phrase sortie du fond du cœur de notre Président, de retour de son essai : « Cette voiture est un vrai veau.. !! » ; La presse n’ayant bien sûr retenue que cette phrase assassine, laissant là, vert de rage, le représentant de la Régie Renault !
Datcha et musée personnel
Léonid était donc sensible aux belles voitures ! Il fallait en être bien sûr, car le grand homme aux sourcils ténébreux avait son franc-parler. Il n’hésiterait pas, lui, le représentant du peuple et chef du Soviet-suprême, à refuser avec fracas, surtout à titre personnel, une où plusieurs voitures, de luxe qui plus est ! L’info fut confirmée dans la nuit même ; Léonid avait bien une collection cachée de véhicules « Haut de gamme », voir même un petit musée personnel. Lui ? Léonid Brejnev, dirigeant d’un pays communiste où les possessions privées n’étaient pas tolérées et sévèrement condamnées !
D’urgence, on préparera une Peugeot 504, une Renault16 (fut-elle un veau !) Et une Citroën Sm à carburateur de première génération. Celle-ci, verte métallisée sera remise officiellement avec plus de faste que pour la Peugeot et la Renault. La remise officielle de la Sm eu lieu sur le parking intérieur de l’Ambassade soviétique à Paris. La scène était assez cocasse, Léonid ne voulant pas de prise de vue. Il ne fut pris qu’une photo avant que l’ensemble des gardes du corps ne se rendent compte de cette prise de vue sauvage ! Ils saisirent toutes les pellicules du sac du « petit reporter », négligeant celle du boîtier ! Une photo fut donc sauvée ! La Sm fut confiée au KGB, chargé d’en assurer la livraison à Moscou. Le chef du soviet suprême fut enchanté de ce cadeau et ne pris pas la peine de se déplacer voir la Peugeot ni la Renault. Il connaissait très bien les réalisations des constructeurs français, en passionné de l’automobile qu’il était. Il se voyait déjà, roulant à toute allure vers sa Datcha privée dans la nuit enneigée. Ce qu’il faisait régulièrement. «à vive allure. ??!» certainement pas, car le KGB veillait !
Léonid avait un penchant très prononcé pour les spiritueux et autres alcools forts. De part son rang, son statut et ses fonctions inattaquables, il en usait et en abusait journellement. Et, lors de ses escapades nocturnes, ses propres services spéciaux (KGB en particulier) ne manquaient de le suivre et protégeaient ses fuites nocturnes. Seulement, les services étaient équipés de poussives LADA** VAZ-2101 Jigouli (BA3-2101) Kигули. Malgré ses excès de boisson, le « Grand timonier » russe, ancien commandant de char sous les ordres de Kroutchev, magnait bien le volant malgré son abus « d’antigel » sur les routes verglacées. Le KGB vit donc d’un mauvais oeil l’arrivée de cette Citroën Sm dites « à caractère sportif » équipée d’un moteur Maserati. Les poursuites de nuit allaient être des plus hasardeuses au volant de leurs modestes voitures de services ! Il leur faudra trouver une solution ! Cette solution appliquée par le KGB ne sera mis à jour et découverte que bien plus tard ! Leonid fini sa carrière esseulé, sénile, gravement malade, et sous l’emprise permanente de l’alcool !
Maison des ventes en Suisse
La Citroën Sm survécue à la chute de l’URSS avec quelques autres de ce musée personnel.
Le KGB détenait la gestion de ce qu’il restait d’un certain pillage organisé où des modèles disparaissaient de temps à autre par la magie d’influences en « amitiés forcées ». Les services secrets de l’état communiste de l’époque mirent en vente une partie de la collection, dont la Citroën Sm verte métallisée. Elle fut proposée aux enchères en Suisse par décret officiel du KGB (voir photo de l’acte justificatif) Un passionné allemand, bien que non-collectionneur, leva la main dans cette triste salle des ventes. L’homme crut faire une bonne affaire, mais déchanta bien vite, lorsqu’il s’aperçu du peu d’entretien qu’avait bénéficié la pauvre Citroën, elle n’avait de « Grand Sport » (comme précisé par le KGB) que ce qualificatif racoleur bien exagéré ! La « Belle fatiguée » fut rapidement remise en vente par le nouveau possesseur allemand, déçu des prestations du Maserati. Seul le fait qu’elle ait appartenue à Léonid Brejnev pouvait lui apporter une certaine plus-value ; Heureusement, l’information de cette disponibilité était arrivée aux oreilles d’un vrai collectionneur citroëniste hollandais.
Le KGB, Le dentiste Hollandais et la caisse de Léonid !!
Jean Paul, citroëniste, dentiste de son état, n’hésita pas une seule seconde ! Lui aussi eu une approche un peu décevante. Dès la réception de la « Belle de Léonid », il pensait trouver un véhicule très bien entretenu. Au vue de ses origines et de la grandeur de son ex-propriétaire ! Etonnant.. !!, la voiture avait donc subi un «Ripolinage » mais d’un vert non conforme à la couleur d’origine Citroën. En effet, l’Allemand dès la prise en main du véhicule avait voulu rafraîchir la carrosserie, mais n’avait pas les moyens pratiques qui lui auraient permis de respecter la couleur d’origine, ce vert métallisé si caractéristique. De plus, notre ami hollandais lui aussi trouvait que la Maserati manquait de souffle et d’énergie ! Après contrôle chez un motoriste qualifié, il s’avérera que la « Caisse de Léonid » était bridée ! Et bien bridée, et ne devait pas dépasser le 110kmh ! Le KGB était passé par là, et la « Belle verte », lors d’escapades sauvages vers la Datcha particulière, ne pouvait semer les Skoda, Lada, et autres Zastava (Polski-Fiat) des services spéciaux attachés à la sécurité du dictateur !
Citroën Sm ; La préférée des dictateurs.. ??
Dictateur ? Le mot est il trop fort ? La question ici pourrait se poser, comment la Sm, avec cette personnalité hors du commun, fut elle souvent aperçue où retrouvée dans des collections de certains grands de ce monde ? Mais aussi de grands dictateurs ; Ainsi, le Roi des Rois Hailé Sélassié, qui, du haut de son trône donnait à manger à ses chiens dans des assiettes en argent, alors que son peuple éthiopien mourrait de faim, avait tenu à détenir une Sm… ?! (Or de simiane). Elle roule aujourd’hui des jours heureux chez notre ami Pierre Descloitres, du côté de Melun, et ne rate jamais une sortie de L’Euro Sm Club. Le Sha Reza Phalevi d’Iran aimait lui aussi les voitures luxueuses, les belles femmes et les polices parallèles, l’on retrouva sous une épaisse couche de poussière, parmi sa collection privée, aussi une Sm ! Celle de sa Majesté Jean Bedel Bokassa 1er Empereur de Centre Afrique, autre dictateur africain s’il en est, qui paraît-il avait emprisonné son mécanicien, celui-ci étant incapable de faire redémarrer sa Citroën Sm. Les services du centre d’essais Citroën, informé de l’affaire, durent dépêcher un « Mécano maison » par avion, afin de régler la faille mécanique et que soit enfin libéré le responsable de l’entretien des voitures officielles de sa Majesté. !! Amin Dada, lui, organisait paraît-il des chasses au volant de ses Sm (7); Chasses dignes de celles du Comte Zarof. Une main sur le volant l’autre armée d’une carabine, traquant tout homme errant dans la savane. !! En juillet 1975, lors du sommet de l’OUA qui se tient à Kampala, Amin Dada prend la présidence de l’Organisation Centre Africaine, embarrassant beaucoup d’autres pays du continent. Il voit cet événement comme une consécration, et organise de multiples manifestations, dont un rallye automobile auquel il participe au volant d’une Citroën Sm.
Ceausescu : Deux Sm aux usines d’Aulnay
Ceausescu, Président de la République Socialiste de Roumanie, le tyran de Bucarest, fut lui aussi intéressé par la Belle de l’Elysée. Lors de sa visite aux usines Citroën d’Aulnay-sous-bois (25 juillet 1980) les services du protocole français mirent à la disposition de Nicolae les deux Sm présidentielles. Le dictateur apprécia tellement la promenade qu’il émis le souhait d’en bénéficier une comme geste de bienvenue. !! Il faut savoir que de nombreux accords commerciaux était prévus lors de cette visite en France, d’ou la présence d’André Giraud, ministre de l’industrie auprès du dignitaire Roumain, avec en « Co-pilote » Jacques Lombard, alors Président de la société Citroën, suivi d’un convoi de Méhari blanches avec chauffeurs en livrées et gants blancs, transportant Mrs Levillain, directeur du site d’Aulnay, Maurice Jouny, directeur de la fabrication, Raymond Ravenel, Xavier Karcher, André Morizot, responsable des relations avec l’Elysée lors de ce déplacement au sein même de l’Unité de Production. N’ayant qu’une réponse évasive sur l’appréciation soulignée envers la voiture présidentielle, Nicolae Ceaucescu, devant faire une visite plus approfondie des lignes de montage, refusa de descendre du véhicule, obligeant l’ouverture des grandes portes des zones de montage de la CX ; Le photographe Citroën et d’autres accompagnateurs se trouvèrent surpris de ce changement de programme et peu de photos purent être réalisées à l’intérieur du bâtiment.
Leonid, ses goulags, et ses services secrets ne déparait pas dans la liste des possesseurs du côté sombre de la Sm.
De Moscou à Moogersmilde
… Puis de Moogersmilde à Paris
Sortie dans l’ombre, la Sm du dignitaire russe se verra remettre en conformité par son nouveau propriétaire hollandais dans les règles de l’art. Elle retrouva sa pleine motorisation et ses finitions d’origines. Elle est entre de bonnes mains attentionnées à Moogersmilde, au nord de la Hollande.
Caractéristiques :
La Sm est un véhicule à carburateur de première génération, de couleur verte métallisé, AC 527, équipé de vitres claires, d’un intérieur cuir noir, de l’air conditionné, et détient un auto radio Kabourg point bleu. Elle ne totalise que 62000 km, Anomalie relevée ; Une plaque d’identification rajoutée sur l’aile refait mention du N° SB5503 du véhicule, mais il est aussi mentionné « Injection » hors il s’agit bien, d’un modèle à carburateurs de première génération. ?. Les plaques russes d’origine sont dans le coffre, et l’autorisation de circuler signée du KGB.
Le Politik Bureau